Yann Lerat
© Sud Photo Studio Cannes |
Suzanne Shojaei : C’est donc vous, le papa de l'association Les Acteurs de Cannes ?
Yann Lerat : Oui, en quelque sorte, même si c'est le fruit d'un travail collectif. Les collectifs d'acteurs étaient à la mode à Paris il y a quelques années et on commençait à voir émerger l’économie collaborative. Ça répondait à un état d’esprit. Et puis je voulais que les comédiens soient représentés à la mairie de Cannes, comme ça se faisait au bureau des tournages de Strasbourg, par exemple. Je voulais aussi faire venir des coachs de comédiens, il fallait donc une structure légale. La mairie m’a proposé de créer l’association, alors je me suis lancé.
Êtes-vous, vous-même, originaire de Cannes ?
Pas du tout ! Je suis né à Paris, originaire d’Alsace et je me suis installé à Cannes en 2009 parce que mon compagnon s'y était installé.
Il faudrait des kilomètres de parchemins pour énumérer toutes vos expériences. Théâtre, cinéma, publicité, télévision, court-métrage, clip... Rien ne vous arrête ?
C’est par opportunité, en fait. Je ne rechigne sur rien, à partir du moment où le projet m’intéresse. Tout est intéressant dès lors qu’on aime changer de peau. Quand on me demande de refaire ce que j’ai déjà fait, je ne dis pas non, mais ça n’est pas le plus intéressant.
Donc vous recherchez toujours la nouveauté ?
C’est vrai que la nouveauté est plus stimulante, oui.
Vous avez forcément une préférence...
Pas nécessairement sur le format. C’est surtout les personnages. Pour les petits rôles, bon, tu fais ton job. Mais ce qui est bien, c’est quand tu dois composer ton personnage, sa psychologie. Quand tu te poses la question « pourquoi marche-t-il comme ça ? », « quelle est son enfance ? », « quels sont ses traumatismes ? ». Le jour-J, quand tu arrives sur le plateau, il faut déjà être habité. Le personnage est construit par pleins de petits détails, qui se travaillent en amont. Et construire un personnage permet aussi de se connaître soi-même. J’ai eu une éducation catholique, où on culpabilise beaucoup. On est beaucoup dans le jugement. Mais quand tu travailles un personnage, tu ne le juges pas, même le pire des salauds.
Quelle est l’expérience que vous n’êtes pas prêt d’oublier ?
C’était quand je commençais sur scène. J’étais une statue grecque, j’étais nu sur scène. Enfin, j’avais un petit string blanc et mon corps était recouvert de poudre de magnésie pour donner l’aspect d’une statue. Cette expérience restera parce que, déjà, j’étais à poil, et puis parce qu'il y avait aussi un collègue en-dessous de moi, sous une estrade qui avait de quoi mater !
Et l’expérience que vous préfèreriez oublier ?
Je me suis cassé le poignet, sur un court-métrage étudiant tourné il y a quelques années à Paris. Je devais jouer une crise de folie et dans mes gesticulations, je suis tombé d’un canapé et je me suis cassé le poignet. On a continué le tournage parce qu’il fallait qu’on termine dans les temps.
Avez-vous un projet que vous aimeriez réaliser à tous prix ?
Oui, être une femme ! J’adorerais ! Si possible, une femme qui a existé parce que tu dois vraiment
étudier sa personnalité. Là, comme ça, je pense à Jackie par exemple (de Pablo
Larrain, ndlr), interprétée par Natalie Portman. Incarner un personnage historique est une vraie
performance, plus que pour un personnage de fiction, que tu inventes toi-même avec le réalisateur. Un
personnage historique, c’est un challenge supplémentaire.
Sur les réseaux sociaux, vos profils sont saturés de publications sur le cinéma. Vous mangez, dormez, respirez cinéma ?
Ouais ! (rire) Quasiment, oui. Quand on fait un métier par vocation, c’est comme un trait de caractère. Tu es comédien quand tu te lèves le matin, quand tu vas manger, quand tu vas te coucher le soir... Dans tout, en fait. On peut ne penser qu’à ça, 24h/24.
Vous habitez sur la Côte d’Azur, vous êtes donc aux premières loges à chaque Festival de Cannes. Ça vous plaît, cet aspect bling-bling du métier ?
Non, pas spécialement. Ça peut être sympa, mais ce qui est intéressant, surtout, c’est que les professionnels sont là. Le côté bling-bling fait partie de la légende donc il faut jouer le jeu.
Vous êtes également membre de plusieurs jurys. Lesquels ?
Cette année, j’ai fait partie du jury d’un festival de théâtre de La Skema, qui est une grande école commerciale. J’ai vu des petites compagnies de jeunes très doués. J’ai aussi participé au jury de l’école Miroir, dont l’objectif est de mettre en avant des jeunes qui n’auraient pas forcément accès aux métiers du cinéma, par leurs conditions sociales par exemple. Ça reste très cher, même si le conservatoire ne l’est pas, les autres écoles le sont. Le Cours Florent, c’est 400 euros par mois, pour d’autres formations ça peut aller jusqu’à 1 000 euros par mois.
J’ai aussi fait partie d’un jury de festival de courts-métrages réalisés en 24 heures. C’était sympa ! Au début, ça fait un peu peur parce que je me suis demandé si j’étais assez vieux pour ça. Bon, j’ai 40 ans, c’est peut-être une forme de reconnaissance !
Votre référence dans le cinéma ?
J’aime beaucoup Sean Penn (The Game, Accords et Désaccords, 21 grammes, The Tree of Life, ndlr). Surtout quand il interprète des personnages assez éloignés de lui. C’est John Malkovich (Les Saisons du Cœur, La Déchirure, Les Liaisons dangereuses, L’Echange, ndlr) qui m’a donné envie de faire ce métier. J’aime aussi Jack Nicholson (Vol au-dessus d’un nid de coucou, Shining, Les Infiltrés, ndlr). Aussi bien pour sa carrière que pour sa personnalité. Il est très classe, très humble, très généreux. C’est quelqu’un que tu peux apercevoir sur la Croisette, allongé sur un banc à faire la sieste !
Un réalisateur ou un acteur avec lequel vous aimeriez travailler ?
Xavier Dolan (Laurence Anyways, Tom à la ferme, Mommy, Juste la fin du monde, ndlr). Son travail peut donner l’impression de « masturbation psychologique » comme j'ai pu le lire dans la presse mais je trouve ça très intéressant. Moi, ça me parle. En plus, il a déjà mis en scène un homme qui veut se transformer en femme ! Mais bon, on ne travaille pas dans la même cour. Je bosse essentiellement en province, je n’ai pas accès aux mêmes castings qu’à Paris, Montréal ou New York.
Vous vous mettez des barrières ?
Non ! C’est peut-être à moi d’aller vers lui. Oui, tiens... Peut-être ! S’il lit cette interview, il verra que quelqu’un a envie de travailler avec lui.
Sur les réseaux sociaux, vos profils sont saturés de publications sur le cinéma. Vous mangez, dormez, respirez cinéma ?
Ouais ! (rire) Quasiment, oui. Quand on fait un métier par vocation, c’est comme un trait de caractère. Tu es comédien quand tu te lèves le matin, quand tu vas manger, quand tu vas te coucher le soir... Dans tout, en fait. On peut ne penser qu’à ça, 24h/24.
Vous habitez sur la Côte d’Azur, vous êtes donc aux premières loges à chaque Festival de Cannes. Ça vous plaît, cet aspect bling-bling du métier ?
Non, pas spécialement. Ça peut être sympa, mais ce qui est intéressant, surtout, c’est que les professionnels sont là. Le côté bling-bling fait partie de la légende donc il faut jouer le jeu.
Vous êtes également membre de plusieurs jurys. Lesquels ?
Cette année, j’ai fait partie du jury d’un festival de théâtre de La Skema, qui est une grande école commerciale. J’ai vu des petites compagnies de jeunes très doués. J’ai aussi participé au jury de l’école Miroir, dont l’objectif est de mettre en avant des jeunes qui n’auraient pas forcément accès aux métiers du cinéma, par leurs conditions sociales par exemple. Ça reste très cher, même si le conservatoire ne l’est pas, les autres écoles le sont. Le Cours Florent, c’est 400 euros par mois, pour d’autres formations ça peut aller jusqu’à 1 000 euros par mois.
J’ai aussi fait partie d’un jury de festival de courts-métrages réalisés en 24 heures. C’était sympa ! Au début, ça fait un peu peur parce que je me suis demandé si j’étais assez vieux pour ça. Bon, j’ai 40 ans, c’est peut-être une forme de reconnaissance !
Votre référence dans le cinéma ?
J’aime beaucoup Sean Penn (The Game, Accords et Désaccords, 21 grammes, The Tree of Life, ndlr). Surtout quand il interprète des personnages assez éloignés de lui. C’est John Malkovich (Les Saisons du Cœur, La Déchirure, Les Liaisons dangereuses, L’Echange, ndlr) qui m’a donné envie de faire ce métier. J’aime aussi Jack Nicholson (Vol au-dessus d’un nid de coucou, Shining, Les Infiltrés, ndlr). Aussi bien pour sa carrière que pour sa personnalité. Il est très classe, très humble, très généreux. C’est quelqu’un que tu peux apercevoir sur la Croisette, allongé sur un banc à faire la sieste !
Un réalisateur ou un acteur avec lequel vous aimeriez travailler ?
Xavier Dolan (Laurence Anyways, Tom à la ferme, Mommy, Juste la fin du monde, ndlr). Son travail peut donner l’impression de « masturbation psychologique » comme j'ai pu le lire dans la presse mais je trouve ça très intéressant. Moi, ça me parle. En plus, il a déjà mis en scène un homme qui veut se transformer en femme ! Mais bon, on ne travaille pas dans la même cour. Je bosse essentiellement en province, je n’ai pas accès aux mêmes castings qu’à Paris, Montréal ou New York.
Vous vous mettez des barrières ?
Non ! C’est peut-être à moi d’aller vers lui. Oui, tiens... Peut-être ! S’il lit cette interview, il verra que quelqu’un a envie de travailler avec lui.
Les pâtes. Si possible, sans farine de blé donc les pâtes sans gluten, avec de la farine de maïs. Ça,
j’adore ! Accompagnées d’un bon verre de Bordeaux, une noisette de beurre, du sel, du poivre et du
fromage râpé... C’est top !
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